Mardi 8 octobre 2024, le lycée Honoré d’Urfé a eu le plaisir d’accueillir l’archéologue et historien franco-palestinien, Sabri GIROUD. Les élèves de terminale 3 et terminale 4 (non Abibac non Esabac) ainsi que la classe de seconde 7 ont eu l’opportunité de le rencontrer en présence de Monsieur Laurent PIREYRE, leur professeur d’histoire-géographie.

Sabri GIROUD, spécialiste de l’histoire du Moyen-Orient et plus particulièrement de la Palestine, nous a raconté l’histoire de ce pays à travers l’ouvrage collectif La Palestine en 50 portraits, de la préhistoire à nos jours qui a été rédigé par une cinquantaine de spécialistes sous sa direction.

Passionné de voyages, il dirige aussi une agence touristique nommée « Diwan Voyage » spécialisé dans l’organisation de voyages culturels en Palestine – à l’arrêt depuis un an. Ainsi il est également l’auteur d’un guide de voyage alternatif intitulé « Palestine & Palestiniens », disponible en plusieurs langues. Face au joug et à l’injustice de l’occupation coloniale, il veut faire connaître ce pays et propose des voyages solidaires de découverte.

Les déboires qui affectent la Palestine depuis un siècle masquent la richesse de son héritage historique. Cet ouvrage offre une précieuse perspective sur ce sujet complexe. Cette histoire est soigneusement documentée et se révèle être une source d’inspiration pour quiconque souhaite approfondir sa compréhension de la Palestine, véritable carrefour des civilisations.

Ces cinquante portraits sont le fruit de son profond attachement à cette culture. L’objectif de cette œuvre est d’émettre un éclairage sur l’histoire multiculturelle, millénaire de la Palestine à travers la description de divers portraits afin d’amener le public à réfléchir au contexte actuel.

L’ouvrage se divise en quatre parties distinctes. La première, intitulée « Aux origines », couvre la période natoufienne allant du XIIe au XIe millénaire avant J.-C. jusqu’à l’Époque perse, qui s’étend de 539 à 333 avant J.-C. C’est durant cette époque que la sédentarisation a été inventée. La seconde partie, nommée « La Palestine et la mer », et la troisième, « Le cœur arabe du Proche-Orient », explorent des thèmes en lien avec la géographie et l’identité régionale. Enfin, la dernière partie, intitulée « La Palestine dans la tourmente », aborde les défis contemporains. Il est à noter qu’environ la moitié des portraits est consacrée au XXe siècle, une époque marquée par le mandat colonial britannique et l’implantation du sionisme, tandis que l’autre moitié se penche sur les origines du pays, qui deviendra le véritable berceau de la civilisation arabe.

Les textes proposés offrent une perspective éclairante sur l’histoire de la Palestine, à travers le prisme des civilisations qui l’ont influencée et auxquelles elle a apporté sa contribution. Ils permettent de comprendre les transformations et les changements politiques, culturels et religieux  d’une région en perpétuelle interaction avec les pays transfrontaliers.

L’œuvre La Palestine en 50 portraits nous permet de faire la connaissance de plusieurs personnages importants de l’identité Palestinienne tels que Jésus, Hérode, Arafat ou encore Al-Muqaddasi, le plus grand géographe du Moyen Âge.

L’effacement de la Palestine débute en 1917 par la prise de Jérusalem par l’Occident. La colonisation continue avec la création de l’État d’Israël en 1948 qui vient remplacer la Palestine des cartes du monde, symbolisant non seulement une forme d’annexion territoriale, mais aussi la tentative d’éradiquer l’identité palestinienne, riche d’un héritage culturel et d’une histoire profondément ancrée. En 1956, Israël envahit la bande de Gaza et le Sinaï pour atteindre la zone du canal pour prendre le pouvoir. Cette invisibilité géographique et historique renforce la marginalisation du peuple palestinien et fragilise sa mémoire collective. « La Palestine n’est pas une île et n’est pas destinée à être renfermée sur elle-même. » comme le suggère Sabri GIROUD.

À la fin de la présentation, certains élèves se sont interrogés sur le statut juridique de la Palestine. Sabri GIROUD explique qu’il y a différentes façons de le nommer. Il nous en a cité trois. Selon l’ONU, Gaza est le territoire occupé Palestinien. Pour les accords d’Oslo, Gaza est appelé Zone A avec les villes de Jericho et Ramallah tandis que pour le gouvernement israélien, Gaza est déclaré comme une « entité hostile ». 
L’absence de la Palestine et l’invisibilisation des Palestiniens dans les médias sont des enjeux préoccupants qui mettent en lumière les inégalités de traitement dans le débat public entre Israël et la Palestine. Malgré une oppression qui dure depuis des décennies, la couverture médiatique tend à se concentrer sur des événements spécifiques, négligeant souvent les témoignages, les luttes et les identités palestiniennes. Les reportages peuvent afficher un parti pris évident, minimisant la souffrance des civils tout en favorisant la voix des puissants. Cette distorsion contribue à une perception déformée du conflit, où les Palestiniens apparaissent comme de simples figurants.

Les images frappantes de violence et de souffrance humaine partagées sur les réseaux sociaux sont souvent de courte durée, rapidement remplacées par d’autres nouvelles. Les récits palestiniens, les perspectives des populations déplacées et les histoires de résilience sont souvent intégrés dans un narratif plus vaste, lié à des enjeux géopolitiques complexes. En conséquence, une grande partie de la réalité vécue par les Palestiniens demeure méconnue et ignorée de la couverture médiatique, limitant leur capacité à exister pleinement dans l’imaginaire collectif.

Il est donc crucial de continuer à s’interroger sur les discours médiatiques, de promouvoir des voix palestiniennes authentiques et de favoriser une représentation qui reflète la diversité de leurs expériences. En donnant la parole à ceux qui vivent cette réalité au quotidien, nous pouvons espérer contribuer à un récit plus juste et universel qui reconnaît la dignité et les droits fondamentaux des Palestiniens.

Nous avons terminé cette rencontre par une petite interview avec Sabri GIROUD abordant plusieurs aspects et thématiques sur la conception de l’ouvrage. Découvrez-là ci dessous.

Bonne écoute !

Sabri GIROUD photographié par Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati

Yamina BERKOUN