Les élèves de différentes classes de premières technologiques, les TST2S ainsi que celleux de l’atelier théâtre ont assisté à la représentation de L’Infâme les jeudi 20 et vendredi 21 mars au lycée Honoré d’Urfé. Cette œuvre forte et subtile portée par la compagnie le Théâtre de l’Incendie, et écrite par Simon Grangeat, plonge dans l’histoire de Tana, une jeune fille en quête d’émancipation.
Entretien avec les comédiennes Louise Bénichou et Alizée Durkheim-Marsaudon, et le metteur en scène Laurent Fréchuret :
Un parcours d’émancipation
Tana, jeune apprentie couturière, quitte sa mère, une figure maternelle toxique, pour vivre chez sa patronne, en échange d’heures supplémentaires à l’atelier. Au début de la pièce, elle se cache dans le travail solitaire et silencieux, rongée par la culpabilité et la honte. Elle semble tantôt paralysée par ses émotions, figée dans un état de torpeur, tantôt débordante de mouvements et de pulsions de vie, cherchant à fuir ses tourments intérieurs. Elle oscille constamment entre un besoin profond de paix et de silence, désirant échapper au tumulte de ses pensées, et une énergie vive qui la pousse à agir, à se projeter dans une forme de liberté. Ce contraste souligne son déchirement intérieur, entre la souffrance qu’elle porte et son désir de se reconstruire.
Grâce au soutien de sa meilleure amie Apolline et de sa patronne, Tana entame une lente reconstruction.
Ces deux femmes, bien qu’elles entretiennent avec Tana des rapports de pouvoir marqués, jouent en effet un rôle crucial dans son émancipation. L’écriture de la pièce ne passe pas sous silence les rapports de pouvoir, qu’il s’agisse de ceux entre Tana et sa meilleure amie Apolline, issues de milieux sociaux différents, ou de la relation de Tana avec sa patronne, marquée par une hiérarchie évidente. Ces rapports, bien qu’inconfortables, sont traités avec justesse, ce qui donne à la pièce une dimension réaliste et nécessaire. Loin de minimiser ces tensions, l’écriture les met en lumière, permettant ainsi une réflexion plus profonde sur les dynamiques entre les personnages.
Les fils de l’émancipation
La couture devient pour Tana bien plus qu’un simple symbole d’émancipation : c’est grâce à l’acquisition de ce savoir-faire qu’elle peut véritablement se libérer. À travers les fils de couture, la pièce développe une métaphore puissante des liens familiaux et amicaux. Tana apprend à tisser sa propre destinée, à couper les liens qui la paralysent, tout en renforçant ceux qui lui permettent de se reconstruire. Cette maîtrise de la couture, à la fois technique et symbolique, est au cœur de son processus d’émancipation, permettant à la jeune femme de s’affranchir de son passé et de se projeter dans l’avenir.

Une mise en scène sobre et émotive
La mise en scène de Laurent Fréchuret, simple et épurée, place l’accent sur les émotions des personnages. Les comédiennes Louise Bénichou et Alizée Durkheim-Marsaudon, remarquables, parviennent à transmettre toute la complexité de leurs rôles. La proximité avec le public, renforcée par le cadre intime de la salle de classe et le quatrième mur brisé, permet une immersion totale, rendant les émotions des comédiennes et de leurs personnages d’autant plus palpables.
Une fin pleine de force
La pièce se termine sur une note d’espoir. Après avoir traversé la souffrance et l’humiliation, Tana parvient à se réinventer grâce à son amie qui lui redonne confiance en elle. Infâme désormais aimée, elle se projette alors dans l’avenir, déterminée à se construire un nouveau destin loin de sa mère grâce à la broderie.
L’Infâme est une œuvre marquante, portée par une écriture fine et d’excellentes comédiennes. En abordant avec subtilité l’émancipation, la pièce réussit à captiver et à émouvoir en seulement 45 minutes.
Les élèves ont pu échanger avec les artistes et le metteur en scène à la suite de chaque représentation.
Jasmine Trilland
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