Le mardi 19 novembre 2024, les élèves des terminales 3 et 4 (non Abibac et non Esabac) en présence de Monsieur Pireyre, leur professeur d’histoire-géographie, ont fait la rencontre du bédéiste Mathieu Rebière.
Mathieu Rebière, agrégé d’histoire et dessinateur autodidacte, a su allier ses deux passions pour donner vie à des récits historiques dans le monde de la bande dessinée. Notamment avec « L’Évasion », sorti en juin 2021, le bédéiste nous plonge au cœur d’une épopée humaine où le passé qui a marqué l’histoire ainsi que les esprits, revit sous nos yeux. De ce fait, il reçoit le prix Yves Chaland pour son album.
De l’Histoire aux bulles : un nouveau regard
Originaire de Lyon, Mathieu Rebière est passionné par les récits historiques. Son parcours académique l’a amené à enseigner l’histoire, toutefois, c’est en parallèle qu’il a développé son talent de dessinateur. Il est également co-auteur de plusieurs revues de bande dessinée telles que Les Rues de Lyon (revue du collectif l’Épicerie séquentielle) et Les héroïnes lyonnaises.
« L’Évasion » : une immersion dans la résistance
« L’Évasion« , nous raconte l’histoire d’André Devigny, un résistant incarcéré à la prison de Montluc à Lyon. Ce lieu à huis clos est devenu par la suite un site historique et symbolique des politiques de répression ainsi que de persécutions allemandes durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Grâce à un travail de recherche approfondi, l’auteur nous livre un récit poignant et réaliste de l’évasion aussi rocambolesque qu’ingénieuse de Devigny.
En s’appuyant sur une documentation solide composée des mémoires d’André Devigny, des témoignages de sa famille ainsi que des archives du Mémorial de la prison de Montluc, Rebière a pu reconstituer avec précision les événements.
Le langage visuel de la bande dessinée : au delà des mots
Le bédéiste emploie une variété de techniques pour créer des effets narratifs précis. En réduisant la quantité de texte, il privilégie l’expression visuelle, laissant les images raconter l’histoire. Le choix judicieux des cadrages et des dimensions des cases devient alors un outil narratif : une case agrandie souligne un élément particulier tandis qu’une série de cases resserrées accélère le rythme de l’action. Par ailleurs, la répétition d’un même plan dans deux cases successives, subtilement modifié, avec un changement de perspective crée une impression de suspension temporelle et renforce le suspense. En outre, en se concentrant sur les expressions faciales et les regards, Mathieu Rebière transmet aux lecteurs une multitude d’émotions sans recourir à des dialogues, produisant ainsi une portée plus profonde et nuancée au récit.
Une évasion en images : un voyage graphique
Par sa simplicité, le dessinateur a su insuffler à sa bande dessinée « L’Évasion » une atmosphère particulière grâce à un travail graphique minutieux. Son approche, qui allie tradition et numérique, confère à l’œuvre une profondeur et une richesse visuelle remarquables. A l’aide du logiciel Photoshop, l’auteur a pu manipuler les couleurs en utilisant des teintes assez sombres et froides ainsi que des contrastes marqués reflétant le sentiment d’angoisse et de désespoir. Les ombres jouent un rôle crucial dans la création de l’ambiance de cette bande dessinée. En fonction de la lumière et de l’intensité, ces dernières sont plus ou moins sombres, ce qui donne du relief et accentue l’étroitesse des lieux. La technique du calque offre une grande liberté créative permettant de modifier chaque élément de façon indépendante. Ainsi, la création de diverses textures (mur, béton, métal etc.) superposées aux illustrations confère un réalisme permettant de renforcer l’immersion du lecteur dans cet univers. Concernant les décors, l’auteur a effectué de nombreuses recherches sur la prison de Montluc afin de reconstituer au mieux les lieux.
En définitive, « L’Évasion » parvient à exprimer avec grande justesse l’atmosphère sombre et pesante de l’Occupation, nous immergeant ainsi dans le monde carcéral en révélant toute la palette des émotions des personnages.
Découvrez, ci-dessous, l’entretien de Mathieu Rebière.
Bonne écoute !
Yamina Berkoun
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