Le jeudi 21 novembre 2024, les classes de terminales 3 et 4 accompagnées de leurs professeurs, Monsieur Laurent Pireyre (professeur d’histoire) et Monsieur Florian Jounanno (professeur de droit et économie), ont fait la découverte du C.H.R.D (Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation) de Lyon et du Mémorial de Jean Moulin à Caluire et Cuire.

Le C.H.R.D (Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation)

Le C.H.R.D de Lyon est un lieu de mémoire retraçant l’histoire de la Résistance et de la Déportation à Lyon pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce musée, anciennement l’École de santé militaire, est un lieu symbolique : des hommes, des femmes ainsi que des enfants ont souffert du nazisme par la Gestapo de 1943 à 1944.

Cet établissement est ouvert à tout public et est accessible aux personnes en situation de handicap (physique, auditif, visuel et mental). Des équipements (fauteuils roulants) et outils (boucles magnétiques, personnels) sont mis à disposition pour favoriser le confort de chacun(e) lors de la visite.

Visite commentée de l’exposition permanente “Lyon en guerre- 1939-1945”

En parcourant l’exposition permanente du C.H.R.D, les visiteurs sont plongés au cœur de Lyon durant la Seconde Guerre mondiale. Grâce à des objets personnels légués par d’anciens résistants et déportés, à des photographies d’époque et à des documents d’archives, le musée donne vie à une période sombre de l’histoire. On y découvre les difficultés du quotidien sous l’Occupation, les politiques antisémites qui ont frappé la population juive, les actes de courage des résistants et la violence de la répression.

À l’entrée du C.H.R.D, des affiches de films célèbres comme « Lucie Aubrac », « Le dernier métro » et « Au revoir les enfants » rappellent que le cinéma a souvent puisé dans l’histoire de la Résistance pour créer des œuvres de fiction. Ces affiches, placées à l’entrée, marquent une distinction entre la réalité historique présentée dans l’exposition et les interprétations cinématographiques de ces événements.

La France sous Vichy : un régime de collaboration

Après la défaite de 1940, la France est divisée. Le régime de Vichy, dirigé par Pétain, s’impose dans la zone libre, dont fait partie Saint-Étienne. Basé sur les valeurs du « travail, famille, patrie », ce régime collabore avec l’Allemagne nazie. Pour asseoir son pouvoir, Vichy met en place une propagande massive à travers la radio, les journaux, l’école et les affiches. Les jeunes, considérés comme l’avenir du pays, sont particulièrement ciblés par cette propagande afin de les endoctriner aux idéaux du régime. Les femmes sont reléguées au rôle de mères de famille, tandis que les hommes sont incités à travailler dur. Cependant, la réalité est bien différente des promesses : les Français souffrent de pénuries alimentaires (perte de 10 kilos par personne) et les libertés individuelles sont restreintes.

Lyon : une ville stratégique pour la Résistance

Située en zone libre et à proximité de la Suisse neutre, Lyon constituait un carrefour géographique et ferroviaire idéal pour les résistants. Sa taille importante offrait de nombreuses possibilités pour se dissimuler. De plus, l’intense activité des transports en commun permettait aux résistants de se mêler à la foule et de se déplacer discrètement. Enfin, Lyon, capitale historique de l’imprimerie, disposait des infrastructures et des compétences nécessaires pour produire les tracts et les journaux de la Résistance.

Jean Moulin : l’unificateur de la Résistance

Face à une Résistance française fragmentée, le général de Gaulle confie à Jean Moulin la mission de rassembler tous les mouvements de résistance en un seul front uni. Cet ancien préfet, doté d’un grand sens de l’organisation, parvient à fédérer les différentes factions et à créer un Conseil national de la Résistance. Malheureusement, Jean Moulin est arrêté par la Gestapo en 1943 et meurt sous la torture sans avoir révélé les secrets de l’organisation. Son sacrifice a été essentiel pour la réussite de la Résistance, mais son histoire complexe, marquée par les tensions internes à la Résistance, reste encore méconnue du grand public.

L’importance de lieux de mémoire communs

Le regroupement des institutions liées à la Résistance permettait de faciliter la transmission de la mémoire et de sensibiliser le public à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Des lieux emblématiques, comme l’ancien siège de la Milice française (aujourd’hui FNAC de Bellecour à Lyon), offrent l’opportunité de rappeler les heures sombres de l’occupation et de mettre en lumière le rôle de la collaboration. Face à cette menace, les résistants ont dû recourir à de multiples stratagèmes pour survivre et lutter : faux papiers, sabotages, maquis… Ces actions témoignent de leur courage et de leur détermination.

Le Mémorial de Jean Moulin à Caluire et Cuire

Alors que la France est sous le joug nazi en 1942, Jean Moulin, l’un des principaux organisateurs de la Résistance, s’efforce d’unifier les forces combattantes. Chargé de cette mission par le général de Gaulle, il organise de nombreuses réunions clandestines. Cependant, ses efforts sont brutalement interrompus le 21 juin 1943 lorsque la Gestapo fait irruption dans l’une de ces réunions, mettant ainsi un terme à un moment clé de la lutte contre l’occupant.

Cette maison, aujourd’hui connue sous le nom de Mémorial Jean Moulin, était à l’origine le cabinet du docteur Frédéric Duboujeau. C’est dans cette maison que Jean Moulin a été arrêté par la Gestapo en 1943, marquant ainsi la fin de sa liberté. Depuis 2010, ce lieu chargé d’histoire a été ouvert au public pour commémorer cet événement et rendre hommage à la Résistance. La maison a conservé son aspect d’origine : décoration traditionnelle, fenêtres anciennes, architecture d’époque… Tout concourt à plonger le visiteur dans l’atmosphère des années 1940 et à lui faire revivre ce moment historique.

Le Docteur Duboujeau, ami d’André Lasagne, un important résistant lyonnais, était considéré comme un sympathisant. Il aidait discrètement les membres de la Résistance en fournissant de faux certificats médicaux pour éviter le Service du Travail Obligatoire (STO), en soignant des blessés sans poser de questions, et en mettant son cabinet à disposition pour des réunions clandestines.
André Lasagne, responsable de l’Armée Secrète, une branche militaire de la Résistance, avait pour mission de regrouper les forces combattantes. Mais après la capture du Général Delestraint, le 9 juin 1943, l’Armée Secrète se retrouva sans chef. C’est pour pallier cette absence qu’une réunion fut organisée le 21 juin 1943.
Lasagne choisit le cabinet du Docteur Duboujeau comme lieu de rencontre. Un système de code secret fut mis en place pour faciliter l’accès des résistants à l’étage où se tenait la réunion. Cependant, trois des participants, dont Jean Moulin, arrivèrent en retard. Ne donnant pas le mot de passe, ils furent dirigés par la secrétaire vers la salle d’attente, ignorant ainsi la véritable raison de leur présence.

Alors que quatre personnes, dont deux patientes, se trouvaient en salle d’attente du Docteur Duboujeau, la Gestapo fit irruption dans le cabinat. Dirigée par Klaus Barbie, connu sous le nom du « Boucher de Lyon », cette opération visait à arrêter Jean Moulin, recherché sous le pseudonyme de « Max ». Bien que tous les occupants de la maison fussent considérés initialement comme de simples patients, ils furent conduits en prison pour être interrogés. Jean Moulin, parmi eux, passa trois jours en détention avant d’être interrogé et torturé. Jean Moulin fut par la suite déporté en Allemagne. Il succomba à ses blessures le 8 juillet 1943, lors de son transfert. Ses cendres reposent désormais au Panthéon, en hommage à son sacrifice pour la France.

L’ atelier interactif « Libérer et refonder la France »

L’atelier interactif « Libérer et refonder la France » qui s’est déroulé dans la salle multimédia a permis d’approfondir la compréhension des enjeux de la Résistance. Répartis en groupes, les élèves ont choisi l’un des quatre concepts clés : Servir l’État, Résister, Rassembler ou Symboliser. Ils ont par la suite réalisé une présentation à l’aide d’images et de textes, et en ont proposé une définition.

Les élèves ont fait preuve d’une grande attention et d’un engagement marqué tout au long de la journée. Leur écoute attentive et leurs questions pertinentes ont témoigné d’un vif intérêt pour l’histoire de la Résistance, ce que les médiateurs n’ont pas manqué de souligner.

Yamina Berkoun