Les 20 et 21 février 2025, les élèves des classes de 1ST2S,1ST2S2, Terminale 7 et Terminale HLP ont assisté à la pièce Cytotec, écrite par Anooradha Rughoonundun et mise en scène par Ephia Gburek, présentée par la Compagnie Djalma Primordial Science, au théâtre du Verso.

La pièce raconte une histoire fictionnelle centrée sur Natasha, la compagne de Youri Gagarine, premier homme à quitter l’atmosphère terrestre. Tandis que Youri fait face aux dangers de son vol spatial, Natasha, enceinte, choisit d’interrompre sa grossesse en recourant au médicament abortif Cytotec. Son acte, clandestin et solitaire, se déploie dans un contexte de secret, de solitude et de souffrance. Le texte met en lumière le contraste frappant entre l’avancée technologique de l’humanité, capable de défier les lois de la gravité, et l’absence de soutien et de rituel autour de l’avortement, acte tabou pourtant pratiqué par de nombreuses femmes. Le texte retranscrit la difficulté de partager la spécificité de l’évènement abortif, notamment avec son conjoint, et donne un aperçu des innombrables interrogations et questions existentielles qui traversent les femmes à cette occasion.

Une mise en scène transdisciplinaire et sensorielle

La mise en scène de Cytotec repose sur une approche transdisciplinaire, alliant danse, texte, chant et musique électroacoustique. La performance d’Anooradha Rughoonundun, qui incarne à la fois les voix de Youri et de Natasha, ainsi que la présence scénique et la danse d’Ephia Gburek, rendent palpable l’intensité émotionnelle et sensorielle de l’avortement.

La musique électroacoustique, composée et jouée en direct par Gwennaëlle Roulleau, joue un rôle crucial dans cette immersion. Les sons, allant des bruits du corps humain aux turbulences du vol spatial, enveloppent les spectateurices, chaque variation sonore renforçant les sensations et la tension du récit.

La scénographie, inventive, avec ses objets en lévitation et ses lignes de fuite déstabilisantes, accentue la désorientation des sens provoquée par la mission de Gagarine et les secousses à l’œuvre dans le corps de Natasha. Elle contribue à rendre l’expérience scénique profondément immersive, à la fois physique et émotionnelle, pour le public comme pour les personnages.

La métaphore entre l’avortement et la mission spatiale se révèle d’une richesse inattendue, renforcée par la puissance d’incarnation des artistes. Cette approche inédite du sujet, maîtrisée et d’une grande force sensorielle, marque durablement les esprits.

Rencontre avant le spectacle et bord de scène

Les élèves ont eu l’occasion de rencontrer Ephia Gburek en amont de leur venue au théâtre, qui leur a présenté la pièce et a répondu aux questions en salle polyvalente.

Après la représentation, un bord de scène a permis aux élèves manifestement très intéressé·es de rencontrer les trois artistes, d’échanger sur le processus créatif et de poser des questions sur les choix de mise en scène. L’équipe artistique a expliqué que Cytotec ne se voulait pas un manifeste, mais une expérience intime et corporelle de l’avortement. Elles ont rappelé l’importance du droit à l’avortement, toujours menacé, et ont souligné la différence entre les conditions d’avortement en France et celles présentées dans la pièce. Des membres du Nouveau planning familial de la Loire sont venues présenter leur rôle et ont laissé des ressources à disposition.

Jasmine Trilland